La première fois que je l’ai [voir] , il fumait, et à cause de cela j’aime toujours à le voir dans cette occupation et dans l’attitude qu’il avait alors. C’était chez les Borel. Tu sais que M. Borel était colonel de lanciers [...]. Sa femme n’a jamais [vouloir] le [contrarier] en rien, et, quoiqu’elle détestât l’odeur du tabac, elle a [dissimuler] sa répugnance, et peu à peu s’est [habituer] à la [supporter] . C’est un exemple dont je n’aurai pas besoin de m’ [encourager] pour être complaisante envers mon mari. Je n’ai aucun déplaisir à sentir cette odeur de pipe. Eugénie autorise donc M. Borel et tous ses amis à [fumer] au jardin, au salon, partout où bon leur semble ; elle a bien raison. [...] je me sens en humeur d’ [approuver] tout ce qui plaira à Jacques, et si l’avenir justifie tes méchantes prédictions, si un jour je dois [cesser] d’ [aimer] en lui tout ce qui me plaît aujourd’hui, du moins j’aurai [goûter] la lune de miel.


Cette manière d’être des Borel scandalise horriblement toutes les bégueules du canton. Eugénie s’en moque avec d’autant plus de raison qu’elle est heureuse, [aimer] de son mari, [entourer] d’amis, et riche par-dessus le marché[...]. Ma mère elle-même a [sacrifier] à cette considération, comme elle y sacrifie aujourd’hui à l’égard de Jacques, et c’est chez madame Borel qu’elle a [être] [flairer] et [chercher] la piste d’un mari pour sa pauvre fille sans dot. [...]


Ton amie, Fernande de Theursan.
George Sand, Jacques (1853)